top of page

PARTIE 1 : La composition et la fabrication du savon de Marseille

II. Fabrication du savon de Marseille

 

La fabrication du savon de Marseille se fait en quatre grandes étapes : la cuite, la coulée, le séchage  et le moulage du savon.

​

               A/ La cuite

​

                           1/ L’empâtage ou saponification

​

     L’empâtage du savon résulte d’une réaction, appelée saponification, une réaction chimique au cours de laquelle un corps gras réagit avec de la soude.

Les huiles végétales et la soude sont introduites dans un chaudron et portées à ébullition sous agitation. Ici commence la saponification et se forme alors progressivement la pâte à savon. Au cours de la cuisson, la soude est ajoutée en excès afin de saponifier les matières grasses qui n’auraient pas réagi au stade de l’empâtage. Le mélange bout pendant plusieurs heures à 120°C. C’est au cours de la saponification que le corps gras se transforme en savon. C’est une réaction lente mais totale. 

L’hydroxyde de sodium réagit donc avec l’oléine et produit ainsi du savon et de la glycérine.

​

                                             a/ Les réactifs 

​

Les réactifs qui interviennent dans la saponification sont :

​

  • ions hydroxydes OH- . La structure de Lewis montre que l’atome O est entouré de 3 doublets qui le rendent avide de charges positives. Ce site ionique, riche en électrons, est qualifié de site nucléophile. Ainsi, l’ion OH- est un réactif nucléophile ; il attire les noyaux. C’est un réactif nucléophile.

 

​

​

​

​

​

​

  • l’atome C du groupe fonctionnel d’un ester forme 2 liaisons avec des atomes O plus électronégatifs que lui. Ces liaisons sont donc polarisées et des charges partielles apparaissent. Le carbone se voit affecter de 2 charges partielles positives, ce qui le rend avide d’électrons. Il représente un site appauvri en électrons (au profit des atomes O) et est ainsi qualifié de site électrophile ; il attire les électrons. C’est un réactif électrophile.

​

La saponification résulte de l’interaction entre un site nucléophile,  l’ion hydroxyde, et un site électrophile, l’ester. Elle provient de l’action de l’ion hydroxyde OH- sur un ester et conduit à la formation d’un alcool et d’un ion carboxylate, base conjuguée d’un acide carboxylique.

 

​

​

​

​

​

​

​

Qu’est ce qu’un ester ? 

​

On appelle ester le produit de la déshydratation entre le groupe hydroxyle d’un acide organique et celui d’un alcool. Les esters ont deux chaines carbonées séparées par un atome d’oxygène. Les esters sont des corps gras issus des graisses.

 

 

 

​

​

​

                                           b/ Les étapes de la saponification

​

La saponification a lieu en trois étapes : 

  • 1ère étape : addition de HO- sur l’ester

 

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

 

 

 

  • 2ème étape : élimination du groupe alcoolate

 

L’intermédiaire tétraédrique évolue et se sépare en un ion alcoolate et un acide carboxylate. L’ion alcoolate est une base forte et l’ion hydroxyde est un acide faible. Ainsi, il se produit une réaction acido-basique. La réaction est quasi-totale.

 

​

​

​

​

​

​

​

​

  • 3ème étape : acide acide-base entre l’acide carboxylique et l’ion acoolate

 

 

 

​

​

​

​

​

La réaction de saponification étant lente, on doit chauffer le mélange réactionnel pour atteindre plus rapidement l’état final

Corps gras + soude -> savon + glycérine

R-COOH  + NaOH -> R-COONa + glycérine 

 

 

​

​

​

​

​

​

​

​

 Ainsi, lors de la saponification, des corps gras sont hydrolysés en milieu alcalin par une base, la soude, à une température comprise entre 80 et 100°C. L’hydrolyse des graisses produit du glycérol et un mélange carboxylates de sodium qui constituent le savon.

 

                             2/ Le relargage

​

Cette opération consiste à ajouter une lessive salée très dense. Elle permet de débarrasser  la pâte de l’excès d’eau, des impuretés contenues dans les matières grasses et surtout de la soude et de la glycérine. Le savon est très peu soluble dans l’eau salée contrairement à la soude. Ainsi, la soude se relargue, c’est-à-dire qu’elle descend au fond du chaudron. Il se forme un précipité ; le savon est récupéré à la surface. 

 

                           

​

​

​

 

 

 

 

                         3/ La cuisson

​

La cuisson consiste à porter à ébullition la pâte pendant quatre heures à environ 100-120°C tout en soutirant l’alcali usagé. La cuisson permet de transformer complètement les corps gras en savon par adjonction (ajout) de lessive de soude concentrée. 

 

​

​

​

​

​

     

 

 

 

 

 

 

                       4/ Les lavages

​

Au cours de la cuisson, la pâte est lavée à l’eau froide. L’eau est plus lourde que la pâte, ce qui entraîne la chute des dernières impuretés au fond du chaudron.

Le maître savonnier goûte alors le savon sur la pointe de sa langue, vérifie l’aspect de la pâte et son élasticité. Cela permet de vérifier qu’il n’y a plus de soude. Si elle est douce, on peut passer à l’étape suivante, si ce n’est pas le cas, il faut continuer à laver la pâte. La liquidation à l’eau douce permet au savon de lui donner sa texture finale : une pâte à savon extra pur.

​

                      5/ La liquidation

​

Elle consiste à faire bouillir une dernière fois le savon à gros bouillon en l’arrosant à l’eau pure. La liquidation à l’eau douce permet au savon de lui donner sa texture finale : une pâte à savon extra pur.

​

              B/ La coulée du savon dans les mises

​

Les mises sont des bassins d’une profondeur de 40cm et capables de recevoir le savon contenu dans les chaudrons. La pâte fluide est versée dans des moules, puis le savon humide est mis à sécher pour qu’il durcisse. Le savon va alors sécher quarante-huit heures entre les séparations des mises pendant lesquels il durcit doucement.

 

​

​

​

​

​

​

​

 

                 C/ Le séchage du savon

​

  • Le séchage des cubes : 

Les cubes sont déposés délicatement sur des clayettes en bois munies de roulettes. Ils sèchent pendant une quinzaine de jours.

 

 

 

​

​

​

​

​

  • Le découpage :

A la surface de la mise, les blocs sont tracés au compas, à deux, puis découpés.

Les savonniers travaillent toujours à deux, ils soulèvent des blocs qui pèsent alors 40kg. Les blocs sont empilés sur un chariot puis déposés sur la table de la découpeuse.

Ils sont alors poussés mécaniquement entre des cadres tendus de fils d'acier qui les découpent et donnent naissance aux cubes traditionnels de savon de Marseille.

 

Le savonnier laisse un espace libre entre chaque savon pour assurer une parfaite circulation de l'air et pour pouvoir les tourner manuellement un à un.

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

           D/ Moulage du savon

 

Le savon de Marseille est, comme vu précédemment, composé de 72% d’huiles. Ainsi, ce pourcentage est estampillé sur le savon. D'un geste machinal et régulier, le savonnier dépose chaque savon au milieu d'un moule d'une machine plus que centenaire qui, en se refermant, imprime différents logos sur le savon.

 

Emballés, les savons sont maintenant prêts à effectuer leur voyage vers les consommateurs

 

 

 

.

Formule semi-développée d'un ester

Acide carboxylique + ion alcoolate    -> ion carboxylate        +     alcool

Le saviez vous ?

Dans la région marseillaise, seules quatre savonneries continuent à fabriquer le véritable savon de Marseille : la Savonnerie du Fer à Cheval, la Savonnerie du Midi, la savonnerie Marius Fabre et la Savonnerie le Sérail.

bottom of page