PARTIE II : Quel est le mode d'action du savon de Marseille ?
II/ Les influences sur l’action du savon
A/ Les composants du savon de Marseille
Lorsque l’on achète un savon, les critères sont la douceur, la fermeté, la mousse produite, le parfum, la sensation après le rinçage… Toutes ses propriétés viennent des acides gras.
Certains, comme l'acide stéarique, apportent la dureté et la texture mais aussi la tenue et l'onctuosité de la mousse, d'autres, tels l'acide oléique, apportent douceur et propriétés bénéfiques pour la peau.
Les acides gras varient en fonction de l’huile choisie, c’est pour cela qu’il faut faire attention à la quantité et aux différents mélanges pour avoir un savon idéal.
Nous pouvons voir dans ce tableau que le savon de Marseille traditionnel utilise de l’huile d’olive et de coprah ce qui apporte de la dureté au savon, un pouvoir lavant, moussant, une tenue et une onctuosité de la mousse.
De plus, des critères pratiques doivent être pris en compte. Si le savon est surgras (quantité de soude réduite ou ajout de corps gras) le savon peut avoir une odeur désagréable, un changement de couleur, de texture. Il faut alors utiliser des huiles végétales stables (amande, tournesol, noisette…) ou des produits qui ont des effets conservateurs (vitamine E, pépin de pamplemousse, huile essentielle de romarin).
B/ La dureté et la température de l’eau
1/ La dureté de l’eau
La nature de l’eau joue sur l’efficacité du savon. En effet, on dit que l’eau est :
- dure ou «calcaire» lorsqu’elle est riche en éléments minéraux tels que le magnésium (Mg) et le calcium (Ca).
- douce, lorsqu’elle contient peu d’éléments minéraux.
La dureté de l’eau s’exprime par le titre Hydrotimétrique (TH) mesuré en degré français (°f). Un degré français correspond à 4 mg/L de calcium, à 2,4 mg/L de magnésium ou 10 mg de calcaire. Plus le TH est élevé, plus l’eau est dure.
Dureté faible : inférieure à 15° f
Dureté moyenne : comprise entre 15°f et 25° f
Dureté forte : comprise entre 25° f et 35° f
Dureté très forte : supérieure à 35° f
L’eau dure diminue les propriétés détergentes du savon. En effet, elle contient de nombreuses molécules de calcium. Au contact de ces molécules, les ions carboxylates précipitent donnant un dépôt de savon. Il y a ainsi moins de savon qui se dissout dans l’eau, moins de micelles qui se forment et donc le nettoyage sera moins efficace. Ce phénomène se produit également avec les ions sodium dans l'eau salée. Le savon est donc inefficace avec de l’eau de mer.
Plus une eau est dure, moins elle fait mousser le savon.
Une eau très douce n’est pas non plus adéquate pour un bon nettoyage parce que le savon mousse trop.
==> Le savon n’est pas utilisable dans toutes les conditions parce qu’il perd une partie de ses propriétés.
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2/ La température de l’eau
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La température a une influence sur la solubilité du savon qui augmente avec la température ainsi que la cohésion salissure-tissu, généralement moins importante lorsque l'agitation moléculaire (donc la température) augmente. Par conséquent, plus l’eau est chaude, plus l’action du savon est forte.
L’efficacité de l’eau lors du lavage dépend de la température et de la dureté de l’eau.
==> La condition optimale est d'utiliser le savon dans une eau chaude de dureté moyenne.
C/ La nature de la salissure
⇨ Dans le cas d’une salissure d’origine organique (huiles, graisse), la partie lipophile des détergents entoure la salissure. Il se forme une micelle monocouche (surface externe constituée de la partie hydrophile) qui sera évacuée avec l’eau de rinçage
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Pourquoi l’eau ne se mélange pas aux graisses ?
L’eau (H2O) et le sel (NaCl) s’associent facilement parce qu’ils ont un comportement similaire, ils sont tous les deux chargés électriquement. Dans le cas de l’eau, on dit que la molécule est polaire (la charge électrique est répartie dans la molécule de façon à ce que globalement l’ensemble soit neutre mais localement il y a un côté négatif et un côté positif).
L’eau et les graisses ne se lient pas parce qu’elles sont trop différentes :
l’eau est polaire, tandis que les graisses sont de longues molécules carbonées, apolaires.
⇨ Dans le cas d’une salissure d’origine minérale (terre, poussière), le mode d’action diffère légèrement. La partie hydrophile de l’ion carboxylate s’accroche à la salissure formant une surface externe constituée de la partie lipophile. Cette couche est recouverte par la partie lipophile d’autres ions carboxylate, d’où une deuxième couche. La surface externe de la micelle bicouche formée est donc constituée de la partie hydrophile. Cette micelle sera évacuée avec l’eau de rinçage.